J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

mardi 30 septembre 2014

Le vent

Je suis le vent
Instable insatiable caressant et langoureux
Entêtant imprévisible imprévoyant
Absurde jusqu'à plus soif
Ma langue est plainte ou bien tempête
Force amorphe et invisible
Qui chante sur les feuilles
Je suis le vent qui vit de courants d'air
En rafale et autre bise
Au quatre coins du monde sans suivre le moindre cardinal
Inconstantes habitudes déambulatoires
Je suis le vent fou qui souffle comme il respire
Parce que ça l'amuse
Ma langue est tempête et mes soucis murmures
Ou l'ouragan
Je vais et vient et vol et va
Survient le doute et danse vers ailleurs
Agite les feuilles mortes
Et les milles doigts au bout des arbres
Naviguant en canopée
Partout et ailleurs à la fois
Vide et plein
Sans pieds sans mains sans cœur ni moteur
Je suis l'agité à la mémoire courte
Qui ne peut plus s'arrêter
Ou bien cesserait d'exister
Je suis le vent d'ici, le vent d'ailleurs
Le vent qui court sur vos épaules
Et souffle vos échines
Ma langue est cri, chant, hurlement
Toujours changeant du matin jusqu'au soir
Je suis le vent

Labyrinthe

J'ai regardé la bête dans les yeux
Et baissé les miens
Fait trois pas en arrière
Et rebroussé mon chemin
Pourtant ce n'était qu'une caverne sombre
Où luisaient d'étranges lumières
Un inquiétant mystère

Mais je me suis perdu
Dans le dédale des possibles
Le futur, le choix du chemin à prendre

Chaque arbre semble cacher une forêt mortelle
Chaque voie un labyrinthe sans fin
Peuplé de sombres gardiens et d'improbables tragédies
Et tous me guettent dans le noir
Et leur masse immonde et grouillante
Je la nomme Légion, Minotaure
Père de toutes les peurs condensées
Et son armée de vers sinueux
De vipères malignes et sifflantes
De bourdons sauvages, accablants
Qui me saturent et harcèlent
De mille fables possibles et désastreuses

C'est la bête du dedans
Qui se nourrit du dehors immense
Terrible
S'approprie les mille bruits inquiétants
Les craquement sinistres et les fourmillements
Toutes les ronces, les bêtes sauvages
- entre toutes pire, l'homme civilisé -

Chaque blessure est humiliation
Chaque chemin semble une impasse
Et cette toile invisible m'accable
Planté là, tétanisé, englué dans mes doutes
Mes inquiétudes et mes angoisses
Incapable du premier pas
Préférant plonger la tête dans le sable
Le doux confort de l'aveuglement

lundi 29 septembre 2014

Indicible

Mes mots et mes larmes
Mes lignes et mes charmes
Connaissent les sentiers du malheur
Mieux que ceux du bonheur
La joie serait-elle indicible
Les sourires moins descriptibles
Eux dont je voudrai abreuver
La terre entière
Apaisé, mon esprit se tait
Blessé, il crie son hystérie

Comment parler du silence
La plénitude en soi
Ouvrir la bulle dorée
Allumer le feu du soir
A ma flamme intérieur
Pour chanter en cœur 

Héros

Je suis le héros de mes cauchemars
De cette mort lente et visqueuse
Au rythme du temps qui passe
Des secondes qui s'égrainent
Figées en quelques clichés

Je suis le héros de mes nuits blanches
De mes rêves inavoués
Pourri de vertus innommables
Sans le défaut du moindre relief
Sans échouer ni rien tenter

Je suis le héros d'un roman sans nom
Aux pages blanches sans nombre
Non histoire noyée de doutes
Autodérisoire désillusion
Que me hurlent tout les miroirs

dimanche 28 septembre 2014

Les pantins

A chaque gramme de poésie
A chaque once de non dits
Quelques mots tombent sur ma peau

Ce sont de plaisants pantins
Plaisantins trop animés
Par je ne sais quel souffle égaré
Je les constate, les ausculte
Les écartes ces bidules
Ces mystères somnambules
Ces intangibles homoncules

Où mène leur folle ronde
Leur désir de se montrer
D'aller me faire voir
Et ma gueule médusée
Qui les guides dans le noir
Ambition inavouée
D'une transe éveillé
D'une histoire à raconter

Héritage

Qui habitera les maisons de demain  ?
Qui peuplera les villes de nos maisons  ?
Danseront-ils sur des places ensoleillées  ?
Malgré les barricades accumulées,
Les haines dressées à la gueule du voisin  ?
Malgré les rues éventrées,
Les quartiers inavoués,
Traverseront-ils sereins
Les rues que nous avons voulu oublier  ?
Quel fardeau pour nos enfants
Que ces villes miradors
Ces longs couloirs de mort
Où règne le silence
De notre ignorance
De nos lâchetés mal cachées
De nos cœurs enfermés
Pour ne pas battre à l'unisson
Pour ne pas voir l'horizon

vendredi 26 septembre 2014

Chercher la danse

Jusqu'où vont les mots
Du matin jusqu'au soir
De quel oreille à quel méandre
A quel papier mal débauché
Jusqu'où peut on aller
Sur un fleuve d'encre
Sur un chant proféré
Sur un rythme oublié
Quel cercle se fera
Autour d'un feu de joie
Quand tant de bouches hurlent
Tant de mots épuisés
Quelle recette cuisinera
La fête de demain
Sans pain à partager
Sans orge ni blé

Laissez parler les corps
Et danser les idées
Laissez faire la farandole
La ronde folle des pensées
Oubliez les faiseurs de sens
Oubliez les sentiers tracés
Oubliez les rêves imposés
Pour entrer dans la transe

Oh donnez moi du silence
Un vide serein et rythmé
Des battements de nos cœurs

Juste de quoi espérer

Contes cruels

Contes cruels
Contes résignés
Contes déracinées
A faire pâlir l'espoir
Dans l'ombre de nos rêves
A laminer nos cœurs
De poignards et de regrets
Contes à faire rester chez soi
Contes à s'enfermer en soi
Cauchemars transmis
Depuis l'aube des temps
Sous le masques des sages
Sur la tombe du courage

jeudi 25 septembre 2014

Dans le vent

Dans le vent passe la caresse du temps. Lasse elle dépasse les gens et les enlace. Les gens s’embarrassent hélas de coupe-vents mais n'empêchent pourtant que les embrassent le temps.
Qui passe à l'as.

Douleur

Douleur sourde sous ma peau
Dans mon crâne fait prison
Sinueuse réalité cruelle
Qui ne veut pas me laisser
Comme un bruit noir et visqueux
Qui m'assaille et crève mes sens
Et mes yeux, encore et encore

Cortège de minutes interminables
Troublées, lancinantes
Martelées par les battements
Impitoyables de mon cœur
De la vie dans mes veines
Qui hurle sa peine et son désaccord.

Douleur dont je voudrais douter
Et me délacer, débarrasser
Douleur à vouloir sombrer
Dans l'ennui de l'oubli
Douleur oh douleur
A faire danser les morts

mercredi 24 septembre 2014

L'inutilité du malheur

Qu'il est dur de se défaire
De l'inutilité du malheur
Qu'il est dur de reculer
Pour regarder le temps passé
Sans préjuger ni condamner
Quand bien même la court connaît
Tout les détails du procès
Qui ne jettera pas la première pierre
A son reflet à son miroir
Qui pourra se satisfaire
De ses défauts originels
Pardonner à un coupable
Doutant de sa rédemption

Qu'il est dur de se défaire
De cette culpabilité acharnée
-J'aurai pu je pourrai-
A briser les jambes du progrès
A couper les ailes des serments
Noyer les promesses
Étouffer le devoir
Et broyer du noir

Oh la vieille peau la vieille sorcière
Je vois tes enchantements
Tes charmes croupissants
Tes pièges élégants
De cruauté en nœud coulant
J'aurai ta peau pour Lucifer


Malaise

Noyé dans la mélasse
Perdu dans le sirop
Je m'enfonce dans le quotidien
Comme on s’endort dans un coussin
Trop profond
Qui devient un bâillon
Engorgé

Toute la journée j’entends
Comme un bourdonnement
Une note fausse et bien réglée
Un malaise latent
Une odeur sinueuse
Entre les parfums capitonnés
Sous les matelas le sol poisseux
D'une humidité pourpre
Mes tripes font des petits nœuds
Lentement pour ne pas m'inquiéter
Me réveiller
Je danse somnambule
Sous une pluie d'oreillers
D’édredons et autres couettes

Se perdre dans la répétition
Plonger la tête dans l'étal
Du marchande de sable
Se saouler d’auto-dérision
Se gaver de résignation
Dans un banquet banal
Comme une corde d'abondance
Jusqu'à l’écœurement
Jusqu'à rêver de cauchemars
Jusqu'à suer du désespoir
Pour saler tant de plats
Trop fades

mardi 23 septembre 2014

L'arbre monstre

J'ai construit ma maison
Sur un tas de déchet
Laissé pousser ma raison
A l'ombre du pêché
De belles fleures vertes
Malades de beauté
Mensonge éhonté
D'une âme en carnaval
Arbre monstrueux
Torturé de ses branches
Dont on admire les élancés
Dont on loue l'écorce sombre
Et les nœuds du démon
Sans regarder la trace laissée
Par la corde des pendus
Par le sang du passé
Ignoré et enterré
Dans mes racines les os
Maudissent mes fruits
Et le chant des rossignols

Laissez danser les flammes
Sur cette pousse du diable
Laissez-les purifier
Ce charnier ensoleillé
Et laissez moi creuser
Ma tombe ou ma rédemption

L'appel manquant

Je hurle à la Lune
Sous les étoiles à la peine
Où est la chaleur de la meute
Quand vient le chagrin  ?
Chaque échos à ma plainte
Est aussi doux que sont durs
Ceux qui manquent à l'appel
Perdus par le vent trompeur
Des rumeurs maladives
Qui hantent les mémoires tronquées
Frappées par la foudre
Cruelle Querelle
Dilemme immonde
Duel maudit
D'où nous sortons moribonds
En larmes de sang
En deuil persistant

lundi 22 septembre 2014

Les CV

Le problème des immigrés aujourd'hui, c'est le manque d'ambition. Si, si, sérieux ! Dans l'temps, on en avait qui n'en voulaient. Ils avaient des projets. Ils participaient, amenaient quelque chose. Et du coup, pas de mystères  : ils s'intégraient. Qu'on le veuille ou non faut dire... Je vois bien le genre de CV que ça ferait aujourd'hui..
Jeune leader russe installé en Hongrie, opérant une politique d'achat / revente agressive en Europe de l'Ouest. L'Union Européenne le laisse faire un temps parce que ça force la main des réactionnaires refusant les politiques de compétiflexisécuritruc nous préparant à l'Avenir. Mais quand il tente une OPA sur le CAC40, l'Union met un terme a ses activités en s'appuyant sur de jeunes entrepreneurs ambitieux installés dans le nord après la chute du Mur.
Deux générations plus tard le descendant d'un de ces parfaits capitalistes fait la une  : homme d'affaire et politicien Belge, il fait main basse sur l'économie du nord de la France et se fait naturaliser à Reims. Il se lance dans la politique en visant la présidence en quelques années à partir d'un fief à Soisson.
Vous les avez reconnus ? Non ? Pourtant de nos jours c'est ce que feraient Attila et Clovis. Bon au passage ils viendraient avec tout leurs peuples et Clovis les installerait sur place, et dans les plus beaux bureaux s'il vous plaît.
Bon j ai remplacé les fusils par de la finance parce que de nos jours c est ça qui fait courir le monde. Mais voilà des immigrés qui viennent tout prendre. L'un d'entre eux a même fondé une entité politique qui, après de nombreuses transformations (et de nombreux apports de populations), est devenu la France. Alors quoi ? On renie Cloclo ou on assume ? Alors arrêtons  de nous plaindre. Les gens qui viennent faire le sale boulot chez nous ne sont pas de Huns et encore moins des Francs.
Quand à ceux qui me diront qu'on ne peut accueillir toute la misère du monde je n'ai qu'une chose à dire  : pourquoi alors passons-nous notre temps à essayer d'accueillir toutes la richesse du monde  ?

dimanche 21 septembre 2014

Ironie

Heureux mais pas assez
Bien mais insatisfait
Le sourire aux lèvres
Tendant vers l'ironie
Je plonge pour compenser
Dans la mélancolie
«  Le plaisir d'être malheureux  »
On brûle ses passions
Sur les autels dont on dispose
Même s'il faut pour cela
Un peu exagérer

Vide

Rongé, creusé, vidé
Comme une coquille hagarde
Surprise de sa légèreté
Les épaules pendues
La gorge en nœud gordien
Le sternum fracassé
Les entrailles tyrannisées
Le pied battant
Une mesure endiablée
Les mots perdus, en somme
Et la raison en berne
Plus de fuel pour ma lanterne
Et l'Etoile du Nord
S'est barrée depuis longtemps
Le sourire facile et cruel
Piquant un ego à terre
Les membres fatigués
De devoir se lever
Les nuits courtes et blanches
Les jours longs et gris
Les lendemains qui pleurent
Les amis à ne pas inquiéter
Les autres à éviter
La politesse automatique
Les réponses creuses
Le rire mis de côté
Et l'attente permanente

samedi 20 septembre 2014

Perdu

Attente suspendue
A un coup de fil
Comme un pendu amoureux
De sa corde

Espoir embrasé
Sur son propre bûché
Comme un martyr embarrassé
Par sa cause mal menée

Regard trop loin perdu
Dans un mur de brouillard
Comme un navire doutant
De la corne de brume

Passion hésitante
Cherchant un courant d'air
Comme une girouette affolée
D'avoir perdu le nord

Chemin incertain
De pouvoir trouver Rome
Comme un labyrinthe clôt
Où pleure le minotaure

Partage

J'avais envie de partager
Quelque brins de mots et puis c'est tout
Envie d'abolir les frontières
Entre nos âmes entre nos cœurs
J'avais envie de vous montrer
Mes royaumes intérieurs
Mes contrées imaginaires
La pluie et le beau temps
Derrière mes binocles
Envie d'être près de vous
Briser ces tabous qui pèsent sur nos mots
Nos paroles et langues liées
Ne pas dire le malheur
Ne pas étaler son bonheur
Au diable l'avarice
Voilà ma vie comme ça
Mes pensées fugaces
Quelque peu magnifiées
Ma verve à partager
Ma cuisine au-dedans
Sur un plateau pour vous dehors
Quand il y en a pour un
Il y en a pour tous

vendredi 19 septembre 2014

Ton ombre

Sur les traces de nos pas passés
Ton ombre gravée dans la pierre
Et notre temps logé dans ma mémoire
Hantent mes soirées monotones
Endiablées mentent creuses
Scandées par ton absence malheureuse
Et j'invente des mots couteaux pour faire fructifier mon errance
Et je ressasse pour savourer l'amertume
D'un passé qui rêvait mieux que l'instant présent
Comme une gerbe de fleurs sur une tombe trop belle
Pour être oubliée
Un monument que l'on sait triste
Mais que l'on aime à regarder
Un passé révolu aux allures de lendemains qui chantent

Le souvenir

Ton souvenir est un rêve fragile
Un sourire incertain
Que le silence fait cauchemar
Entre toi et lui se dressent
Trop de temps et trop d'épreuves
Trop blessures toujours à vif
Pour pouvoir sauter
Les yeux fermés
Vers l'espoir

jeudi 18 septembre 2014

Au-delà de l'abyme

Pourquoi bruissent les sages
Sur le sentier des pages
Pourquoi crissent les plumes
Contre les visages
L'indicible provoque les lettres
Les défie insolent
Jusqu'à ce que tombe leur pluie
Mot à mot
Secret à silence
Trace de nos âmes
Au-delà du langage
Communier ensemble
De part et d'autre de l’abîme
Qui nous sépare
Au son des mots qui coulent
Remontant la raison
Jusqu'au cri primal
Jusqu'à l'arbre de vie

Carnet

Papier buvard de mes pensées
Papier à bulles éclatées
Alimenté au feu de mes entrailles
Aux battements de mon cœur
A l'errance de ma raison
Aux errements de mes sens
Couvert sans y penser
Ballade de mots mal ordonnés
Sur des lignes de vers boiteux
En mono strophes

Papier rien à gagner
Papier bien dépensé
Pensifs poncifs
Ponctuant mes heures libres
Mes minutes délaissées
Prélassées enlacées sans mélasse
Mélange lancé à force de plume
Bouteille à la mer d'infortune

mercredi 17 septembre 2014

Le savez-vous ?

Le savez vous dans le vent chantent les âme du temps
Elles dansent et pensent à nous tout en bas
Elles dans le vent nous tout en bas
Ainsi danse le temps les éléments et nous on chante

Le savez vous que dans chaque cristal un rêve fait son nid
Il rêve comme un ver qui dans le fruit
Béni soit le ver dans le fruit c'est la vie qui rampe
Par la pomme pourrie la vie rampe et reproduit

Le savez vous que les mots nous hantent
Ils nous trompent les maudits et dansent et chantent
Et croisent le sens et s'en vont vers d'autres phrases
Ils nous retournent dans tout les sens sous notre langue

Le savez vous enfin jusqu'où va le chemin
Les pas s'entassent et passent le temps comme nous
Nos chaussures usées ne sont plus là pour témoigner
Et pourtant la corne à nos pieds, elle, le sait

Ballade

Passe et pose-toi là
Lisse tes pas
Et apaise ta voix
Vois devant toi le chemin
Trente-six rues et mille choix
Et tout leurs ponts
Une mise en labyrinthe
Comme si l'aperçu du destin
Te faisait minotaure
Animal traqué, paniqué
Hissant des murs sombres autour de lui
Pour se cacher de toutes ces rues
Alors cesse de mugir
De remuer, ruer, beugler
Passe tes chemins
Et pose-toi là

Tisse le fil de tes pensées
Respire l'air de tes poumons
La vie sans poids
Le vide en toi
Savoure-le, sois-en plein
Et trouve un chemin de traverse
Ton sentier dans les bois
Ta ballade pas-à-pas
Déambule

Oh rêve ton chemin
Sans racines à tes pieds
Sans balise à tes côté
Suis l'odeur d'Ariane
Et retrouve ta liberté

mardi 16 septembre 2014

Soulagé

Libéré de la gangue noircie de soucis
A mes pieds leur coque calcinée
Desséchée
Petit à petit le sang reprend ses droits
Le souffle fluide décompressé
Et le fourmillement étonné de mes entrailles
Surprises à sourire

Plus de frontières
Entre mes jambes et mes oreilles
Plus de pas de danse clandestins
Arrachés à mes angoisses

Sans angles droits
Tout en rondeurs
Le monde semble plus léger

Une statue

Une statue marchait dans les rues
Et les anges enfin se sont tus
Elle marchait et même le temps sur place s'est tu
Car la statue marchait d'un pas décidé
Parler l'aurait interrompu
Alors tout les passants se sont tus
Une statue qui marchait nue - chapeau !
Pensaient bas les moineaux - vu ?
Une statue biscornue toute masquée
Et le temps s'est tu

Chapeau bas la statue 

lundi 15 septembre 2014

Attente

Assis dans ma boîte
Ma prison de libertés
Je constate, incrédule
Le feu brûlant de l'espoir
Demain est un autre jour
Un jour comme tant d'autres
Fait d'espoirs et d'illusions
De rires et de chansons
Ne pas savoir où il mène
N'empêche pas que je l'attende
Le cœur lourd et battant

Absolu

J'ai vu rêvé
Le visage et le nom de chaque étoile
Et moqueuses elles ont contemplé
Mon désarroi

J'ai senti pensé
L'esprit et le nom de chaque sentiment
Et sereins ils ont contemplé
Mon silence

J'ai touché pesé
La surface et l'essence de chaque atome
Et sans bouger ils ont attendu
Ma reddition

dimanche 14 septembre 2014

Pourriture

Le craquement triste de l'écorce pourrie que libère le ver. Le ver du fruit au cœur de l'arbre comme mort perdu dans son écorce pourrie. L'écorce pourrie crispée qui soudain frémit et craque, triste. Dans les tristes plis se pointe la vie, le ver pointe sa vie, sa tête et sourie. Le sourire triste de l'arbre prisonnier de son écorce pourrie qui craque, triste, il rit. Le rire silencieux, frémissement dans les plis de l'arbre la vie qui pointe à nouveau, la faim au cœur. Le cœur de la vie c'est la faim au creux du ventre du ver qui creuse sort des entrailles de l'arbre sans faim qui vit malgré l'écorce pourrie comme morte mais craque et crisse, souffre sans cri car le trou creusé patiemment soulage. Soulage est la vie la pression qui sans cri casse la croûte crasse et passe au dehors rejoindre le vent. Le vent puissant chante le cri de la vie dans la pointe du ver qui va du cœur vers le dehors et casse la croûte de l'écorce vive pourrie qui craque. Craquement elle cède abandonne se crispe et caresse enfin la vie qui passe et secoue sa carcasse noueuse enfin soulagée.
Le ver tombe, sombre dans l'oubli de l'herbe verte mais déjà un brin de vent déjà se faufile et souffle dans le trou de l'écorce pourrie pour renifler le cœur et la sève qui bat. La vie qui se bat est là tout en bas au cœur du corps noué de cette écorce pourrie percluse recluse de soucis courants. A contre courant la vie remonte écarte les soucis et pousse le temps jusqu'à la fin de l'écorce pourrie là par terre, à ses pieds comme le ver. Le ver oublié enfin la vie oublie la mort et respire le tronc frémit sans sa couverture crasse et nouée sclérosée plaqué sa carcasse. La carcasse enfin souffle dans le vent et agite de nouveaux beaux moignons de doigts verts dans le vent sur un chemin vers.
A ses pieds l'écorce crasse cassée pourrie écartée. A ses pieds le passé creux et court fermente.

L'écorce pourrie a passé.

La tempête

Sentez-vous venir
La tempête au dessus
De nos têtes  ?
Entendez-vous gronder en cœur
Les épées de Damoclès  ?
Chœur de harpies sanguinaires
De vérités avariées
D'avoir été trop oubliées
Niées ni pardonnées

Voyez-vous prononcé
Le jugement mutin
De l'eau entassée
Jusqu'à la dernière goutte  ?

Écoutez le rythme angoissé de
De nos cœurs enchaînés
Forçats au pas décadencé
De nos quotidiens dépassés
Goûtez sans pitié
A la sueur salace de nos erreurs
A l’ironie doucereuse
Des nos sourires désabusés

Voici venir le temps de toutes les peurs
Voici venir les cavaliers du malheur
Voici venir la vérité immonde
Chevauchant notre lâcheté
Jusqu'à la fin du monde

Mythologie

J'userai les mots jusqu'à leur racine
Pour composer des contes nouveaux
Et proférer de nouvelles mythologies
Je renverserai ciel et terre
Et maudirait les dieux
Je ferai des légendes de caniveau
Et couronnerai des mendiants
J'implanterai ces légendes
Au plus profond de nos songes
Gravées dans l'os, suées dans la chaire
Des fantômes sans précédent hanteront
Les nuits de nos enfants
Des montagnes infinies borneront
Nos espoirs les plus fous
Pour nous débarrasser de nos gangues passées
De nos anciennes idées
Et de nos fois moribondes

Révolution fantasmatique
Renouveau de l’intangible
Pour accueillir comme il se doit
Une nouvelle ère encore encombrée
De vieilles traditions édentées
De préjugés rances et tenaces
Et nous pourrons sans danger
Construire une nouvelle Babel
Dont les mille et mille langues
Chanteront en harmonie
Sur la tombe des Seigneurs

samedi 13 septembre 2014

Trêve

Mes sourires et mes cernes
Se partagent mon visage
En bon voisins
Au creux de l'estomac
Deux vieux ennemis papotent
Le doute et la satisfaction

Transe en danse

Transe en danse
Et ma vanité
Continue à espérer
Continue à s'admirer
Décomplexée

Transe en danse
A chaque pas je me tais
Et savoure le silence
De mes pensées noyées
Dans un corps cadencé

Transe en danse
Cherchant à m'épuiser
A me vider
A m'explorer
Me compléter

Transe en danse
Enfin le bonheur
De l'instant consacré
A lui-même
Et à jamais

vendredi 12 septembre 2014

Diagnostique

Porte ta parole, Asclepios,
Les soucis à ton front évoquent pour moi
Les pires ennuis.
Vite, vite, annonce tes nouvelles,
Surtout pas de silence embarrassé.
Moi, je continuerai à sourire,
Fou savant de son ignorance,
Sage sans prétentions.
Abandonnant même l'inutile angoisse,
Abandonné à tes mains expertes.

Patience du patient en attente du verdict final,
Le dernier mot du jury
D’Hippocrate.

Enceinte

Oh  ! Le ventre distendu
Ballon de vie
Et promesses arrondies

Au-dessus trône
Le sourire serein
De la certitude

Au-dessus brille
La joie profonde
L'avenir au fond des yeux

jeudi 11 septembre 2014

Reveil

Comme un ours au réveil
Arthur sortant d'Avalon
Ronchon
Excalibure rouillée
Mais prête à l'action
La sève en colère
D'avoir trop dormi

Trois

Un rayon de soleil
Et deux, puis trois
Un repas cuisiné
A deux, pour trois
Un chant deux cigales
Valse à trois temps
Un cœur reposé
Un, deux, trois battements

Mais comme on aime
On ne compte pas
Voici voilà ici
Deux-trois mille mercis

mercredi 10 septembre 2014

Voile A

Avez-vous vu se lever
L'espoir à midi
Et rêver le fou qui dort
Sûr d'être somnambule  ?
Chaque matin voit son cortège
Son lot d'absurdités
Et l'on pêche la raison
A de cruels hameçons
Je préférerai indolent
Me laisser porter par le vent
Jusqu'à d'autre paysages
Jusqu'à de nouveaux rivages

Voilà pourquoi voilà pourquoi
Je rêve l'aurore à midi
Et le bleu des pissenlits
Voilà pourquoi je lève le voile
Et porte un toast à voile
Pour la vie et l'infini
Voila la voie de ma vie
Et de ma voix

Passe au passé (s'il te plait)

Et je regarde et je soupire
Cette vie qui ne m'intéresse pas
Et je regarde et je soupire
Ma vie qui ne t'intéresse pas
Qu'eut-il fallut que je fisse
Que je fasse fissa cette fois
Pour pouvoir changer tout ça  ?
Stop holà arrêtons-là
Pourquoi revenir ici bas  ?
Tes sourires ne sont pas pour moi
Ton cœur n'est plus à bout de bras
Et le mien n'a plus l'adresse
Où aller espérer tout bas
Ce qu'il bat tout fort

Assez, hélas, de ces espoirs forçats
Ah ça, mes rêves, laissez-moi
Délaissez-moi de mes émois
Il me faut changer de nuit, je crois
Changer la Lune et les étoiles
Car tu ne veux plus de moi.

Pourtant mon ombre songe
Dans un sombre coin du soir
Mon ombre songe à tout ça
Tout ces mots qu'on ne s'est pas dit
Toutes ces heures merveilleuses
Qui nous tendraient les bras
J'en suis sûr, je ne devrait pas
Mon ombre s'acharne à bout de moi
Malgré ton silence et ton absence
Et mon cœur papillote
Bien malgré moi
Bien malgré toi
Au souvenir de tes lèvres
D'un bout de rêve dans la rue
Et ton souvenir bien à moi
Ne me laisse ni me lasse
Mais caresse mon esseulat

Il faudra pourtant que tu me passe
Il faudra pourtant, hélas

mardi 9 septembre 2014

Pas le temps

Pas le temps de regarder
Mon masque odieux dans le miroir
Sourire moqueur, regard torve
Front barré de soupirs plissés
Inscrits dans la chaire

Avancer, lancer la marche
La machine

Pas le temps pour les pourquoi
Les comment
Les doutes persistants, angoisses molles
Les tripes hypersensibles
Les épaules trop chargées

Se lancer, accrocher le sommet
Et me hisser jusqu'à lui

Face

Qu'est-ce qu'un carnet  -
Quelque grammes de papier -
Face à la Terre
Face à la mer  ?
A ses petites cruautés
Et ses grandes joies
Ses carnages, ses triomphes 
La pluie et le beau temps
Les cendres et la poussière  ?
Que peuvent quelques gouttes bleues
Quelques traces de graphite
Face à l'océan des mots
Face à la forêt de nos âmes 
Les peines et les misères
La bêtise crasse
Et l'ignorance triste
L'amour increvable
Insondable
Et la geste de nos vies  ?

A quoi bon m'acharner  ?
A quoi bon insister  ?
A ne pas suivre le courant
Comment ne pas se noyer
Comment n'être pas débordé
Étouffé, assommé, émerveillé,
Hypnotisé par le grand Tout  ?

Tracer le cercle
Trouver l'aura
La plénitude ronde et chaude
Rassurante
L'accord et le pas
Le chant et la danse
L'harmonie avec l'inconnu
Et nager dans les mystères

lundi 8 septembre 2014

Bulle de gomme

J'ai la gomme dure
Dans ma bouche je la rumine
Je l'assouplie la maltraite
J'ai la dent mole
Et les mots ramollis
Je bulle

Bitume

Qui chantera le bitume  ?
Cette couche de crasse sous nos pieds
Cette puanteur acre dans le nez
Ce grand noiraud si mal aimé  ?
Jour après jour usé
Compressé, écrasé, piétiné
Éventré
Et finalement fuit vers d'autres pâturages

Oh ! La tristesse de cette mélasse séchée
Invisible sous nos yeux
Chape de mort
Sous la ville bouillonnante
Grise mine de nos chemins
Gueule allongée de nos sentiers
Trop bien tracés

dimanche 7 septembre 2014

Un vase déjà rempli

Tu la meilleure personne
Au pire moment
Plus que je ne peux espérer
Tu es celle en qui je voudrais
Tout me déverser
Me révéler
Et me reposer
Mais peux-tu accepter
Tant d'eaux usées
Décomposées
Et sans chuter
Et sans m'aimer  ?

Il a fallut que je choisisse
Un vase déjà rempli

Ose

Qui ose parler d'amour
Qui ose tout dévoiler
S'exposant en retour
A hurler ses secrets

Comment dire tout l’intime
A tout les inconnus
Sans que ce soit un crime
Qui laisse l'âme nue

Qui voudrait partager
Le plus précieux trésor
Qui voudrai faire rêver
Avec le feu du corps

Comment donner son cœur
A une et à la ronde
Sans dépasser la peur
D'un ridicule immonde

samedi 6 septembre 2014

Les mots morts

Crève marchand de mots morts
Maquereau verbeux et gominé
Va vendre ailleurs
Ta soupe pré mâchée
Tes idées déplacées
Tes artifices tout trouvés

Assez de mots en vitrine
Comme des plantes plastiques
Des malheureux empaillés
Trêve de mots déjà trop compromis
Maltraités tordus dans tout leurs sens
Sans que tu viennes rajouter
Ton commerce de baudruches

Assez que tu nous harcèles
De mots morts sans pensées
Idées sangsues sans fond
Suçant nos moindres faiblesses
Il n'est rien besoin d'ajouter
A notre bêtise

Accord et désaccord

Comme si la paix pouvait naître de l'accord
N'être qu'accord, que corps d'un chœur uni
Car l'accord est paix fragile
Corps fragile aux pieds rongés

Il faut chanter la discorde en paix
Connaître les voies du désaccord
Les corps voisins et leurs cordes sensibles
Et vivre ces corps-à-corps sans se blesser

Un chœur discordant est plus uni
Battements à contre-temps de nos cœurs désunis
A l'ombre du voisin honni, l'unisson
Sans jamais hausser le son

Sans relever la moindre hache
La peine qui fâche et mâche la haine
La véritable paix, celle des ennemis
Qui s'arrachent à leurs soucis

vendredi 5 septembre 2014

Eau

Je suis un brasier
Et un bol d'eau plate
Comme un étang
Beaucoup de vapeur
Mais peu de vent

Déraison

Rire comme une rivière
Sur qui coule le temps
Incrédule à la mer
Sans faire de vagues
Ni jeux de mots
Trouver un nuage
Jusqu'à zéro
Et tomber au sommet

Le reflet

Mes pensées mes soucis mes rêves
Tombent un à un sur le papier
Je leur tresse une prison cadre
De lettres et d'espaces

Mon esprit cherche à comprendre
Son reflet de papier
Miroir menteur
Encre enjôleuse
Chorégraphie verbale
De mots démons joyeux
Tristes et peureux
Au bord de ma raison
En deçà de ma volonté
Comme un souffle de vent pétrifié
Comme une prière malaisée

jeudi 4 septembre 2014

Au fond du verre

Un verre de vin – deux
J'aperçois dans son reflet
Ce que je cherche

Je crois l'embrasser
Et j'y trempe les lèvres
Je trouble le rêve
Et revient à la réalité

Mon esprit est resté
Au fond du verre

Encore et déjà

Encore et déjà
Le temps continue à passer
Long effréné
Du matin jusqu'à l'aurore

Mes sens s'y perdent
Le sens s'y perd
La raison y croit
Tout et n'importe quoi
Chaque année trépassée
Enrichie le temps dépassé
De souvenirs étirés
D'époques éphémères
La mémoire n'a pas de calendrier
Et nul ne sait mesurer
Le poids des années
A l'aune de son voisin
Tandis que raisonnent les secondes
Et bourdonnent les siècles
L’Histoire impose son rythme
L’Homme découpe les âges
Sans rien pouvoir changer
A la poussière des empires
Aux rides sur nos visages

Serons nous un jour
Moins qu'un souvenir
Une trace sans nom
Un chemin oublié
Un arbre que personne
N'a entendu tomber
N'a entendu pleurer

Je veux

Je veux m'incruster
Dans le creux de chaque page blanche
Je veux que mon âme de mille feux
Brûle comme un soleil
Pour éclairer les contours du noir
Je veux hurler des lettres de sang
Sur les pages de l'Histoire
Je veux compiler mon désespoir
En une encre plus noire que la nuit
Et brûler mes soucis
Sur l'autel des récits
Je veux transformer ma vie privée
En un torrent de flammes sur vos gueules médusées
Je veux tirer du soir
Des contes à faire briller les étoiles
Je veux cramer ma haine
Sur les pages de la voie lactée
Écrire dans un trou noir
Tout ce que j'aurai put espérer
Je veux vous dire ici bonsoir
Jusqu'à vous faire pleurer
Je veux vous dire j'existe
Et que nous soyons intéressés
Je veux couvrir jusqu'à la dernière ligne
De rêves maudits de ne pouvoir exister
De songes contrits qui ne cherchent qu'à s'exprimer
Je veux convaincre le monde de sa réalité
Lui faire gober sa complexité jusqu'à gerber
Je veux vous voir rêver de mots trop exultés
Je veux me détruire le poignet
A force d'avoir à espérer
Jusqu'à vider la dernière goutte de mon encrier
Jusqu'à ce que mon esprit soit apaisé
Jusqu'à vous avoir donné toutes mes lettres enflammées
Et qu'en ma tête enfin je puisse me reposer
Vautré dans une page blanche
Vide
A jamais

mercredi 3 septembre 2014

Apprentissage

Vous connaissez l'histoire du type qui demande des commentaires sur son blog mais ne permet pas aux gens d'en poster ? ^^; Et bien c'était l'histoire de ce blog. Mais c'est du passé tout ça, on n'arrête ni le progrès, ni les commentaires. Non mais !

Et j'en profite pour vous remercier pour le suivit et les retours par mails. Ça me touche beaucoup.

Bonne lecture !

Xavier

mardi 2 septembre 2014

Les oiseaux

Trente six harpies
Sur une corde comme un fil
Dansent une triste samba
Comme si mille et un soucis
Animaient l'orchestre
Au sol leurs plumes traînent, pataudes
Pataugent dans la poussière de quelque siècle oublié
Qui passait par là

Quatre cousins vautours
Maladroits dans leur valse macabre
Murmurent le secret des morts
Pour se venger de ces vivants
Alléchants

A trois mesures de là chante une colombe
Pour quelque ange tapant le carton
Une sérénade inutile et belle
Un doux cri pour les cœur de pierre
Comme l’aveu fantôme de rêves épuisés

Enfin
Au fond du puits
Dort un loir tranquille
Loin de ses angoisses

Jusqu'aux matins heureux

Je construirais une échelle de mots rouges
Pour grimper en haut de l'arbre de vie
Écrire ton nom dans les cieux
Et hurler des lettres de feu

Je naviguerai sur tout les océans
Pour forcer les vagues à murmurer
Le battement de tes cils
Et la chaleur de ta peau

J'écrirai un alphabet nouveau
Avec les lettres de ton nom
Pour écrire les mille merveilles
De tes joies et de tes peines

Je chanterai sur le tombeau des lucioles
Jusqu'à ce que tout ceci soit vrai
Jusqu'à ce que mon souffle sur ta bouche
Explore des matins heureux

Saison et sentiments

Voici venu le temps des sentiments
Temps de l'ivresse où la raison bascule
Voyez comme se ruent et se bousculent
Les vieux serment aux lèvre des amants

Le ciel rouge des espoirs les plus fous
La nuit noire de manque à fleur de peau
Les désirs parés du rose drapeau
Le bleu anxieux des premiers rendez-vous

Laissons-nous aller, heureux et envieux
Au grès du hasard et des sérénades
Dans les rues voyagent des cœurs nomades
Qui battent la chamade en bien des lieux

Jusqu'au bout du jour lançons nos filets
Goûtons nos pêchés au cœur de la nuit
Désir étouffé cause trop d'ennuis
Au large  ! Allons profiter de l'été

Défaite

Désabusé découragé défait
Où mène le chemin  ?
Irrité tétanisé accablé
Perdus les lendemains
Suite logique d'actes erratiques
Constante ironique d'une volonté paralytique
Le tic du faible à l'éthique apathique

Le soupir las le pied lourd l'esprit sourd
Pour mener sa barque dans un verre d'eau
L'idiot attend le courant
Et voudrait être un oiseau
Un de ceux qui chantent
«  Tais-toi et rames  !  »

lundi 1 septembre 2014

Prison

Je me suis tissé une prison d'amis
De leurs regards j'ai fait des barreaux
Et de leurs sourires des verrous
Leur plaisir est une porte
Qui n'existe que fermée
Et ils sont des geôliers toujours présents
-grâce leur sois rendue-
Les murs sont faits d'habitudes et de non dits
Cimenté par mes mensonges
C'est un bagne confortable
Comme un coussin trop grand
Dans lequel je ne fait que m'enfoncer

Pourtant pointe l'angoisse
Débute la claustrophobie
Ma cellule se fait étroite
Et les pierres m'agacent
Et puis  je n'ai plus la force
D'entretenir le mortier

Que devient l'araignée
Qui me colle au plafond
Quand ma toile s'effrite 
Et que j'aperçois le fond 

L'immigré, l'immigrant et le colon.

Ce texte a été écrit (puis retravaillé) pour la pièce de théâtre que j'ai participé à monter l'année dernière avec les ateliers jeunes du théâtre Jules Julien. 


(parlant dans le vide sur un ton menaçant) Ton taf  ! Donne-moi ton taf ou j'te saignes  ! Allé ! Vas-y ! Aboule le CDI ! … Mouais. Non. Je sais pas vous, mais à mon avis, la méthode racket, pour trouver du boulot… Ca va pas marcher. Je sens bien que ça va pas le faire.
Voyons voir… Je pourrais essayer une arnaque peut-être  ? Un truc du genre «  Monsieur ! J'ai un plan super pour quelqu'un avec vos qualifications ! Gros salaires, véhicule de fonction, horaires accommodants...Mais c'est a saisir de suite. Ça vous dit ? Oui, hein ? Parfait ! Alors je vais vous rendre service, hein, voilà, je vais vous remplacer sur ce petit CDI de rien du tout pendant que vous y allez, OK ?..  » Mmmm... Ou pas.
J'ai beau creuser, je vois pas comment faire pour voler le travail de quelqu'un.  Parce qu'on m'a dit (et même vu a la télé!) qu'ici les immigrés volaient le travail des honnêtes travailleurs. Alors vu que je peux pas toucher le chômage, je me suis dit...  Ne me regardez pas comme ça ! Faut bien vivre ! De toutes façon y a pas à s'inquiéter : je sais pas comment faire, moi ! Vous avez bien vu. Faut dire que j'ai appris la débrouille, la plomberie, la maçonnerie, … un truc dont vous avez besoin. Comme je suis pas chiant, j'irai même jusqu'à faire un truc que sois disant tout le monde peut faire : nettoyer, surveiller, récolter,… Mais j'ai pas trouvé le manuel du migrant voleur de travail. Me voilà bien.

Du coup je suis allé voir dans les livres d'histoire, pour prendre exemple sur des migrants qui ont réussit. Et alors vous devinerez jamais qui j'ai trouvé comme ZE migrant, le migrant « over the top », quoi. Enfin peut être que si, vous devinerez, si vous avez bien écouté quand vous étiez à l'école. Alors ? Des idées?
Et bien ... les européens. Vous. Enfin vos ancêtres. Enfin les cousins de vos ancêtres, ceux qui sont partis. Entre 1820 et 1920 la population de l'Europe passe de 200 à 500 millions d'habitants. Plus 250 % ! On appelle ça la transition démographique : pendant quelque temps l'amélioration de conditions de vie fait que les bébés et les gens meurent moins mais on continue à faire plein de bébés. Ca fait plein de gens en plus. Si ça vous dit quelque chose vous avez probablement regardé ou lu un reportage sur l'Afrique ces derniers jours.
Et bien  à l'époque la surpopulation, l'extrême misère, l'hygiène déplorable, tout ça... c'était en Europe. Du coup pas moins de 55 millions d'européens se barrent dans tout les coins de la planète, histoire de voir si l'air est plus respirable. 55 millions ça fait quand même 11% de la population de 1920. Respect !
Histoire de relativiser un peu, je suis allé voir les livres de géographie. Prenons, au hasard, l'Inde au XXème. En 1951 : 361 millions d'habitants. En 2015 : pas loin de 1300 millions. 1,3 milliard. Plus 360 % en moitié moins de temps que pour l'Europe un siècle plus tôt. Au même ratio que vos émigrés ça ferait 143 millions d'indiens de part le monde ces soixante dernières années. Je vous laisse imaginer le bazar.
Et si on prend en compte l'ensemble du mond… Non… C'est absurde, ça sert à rien. Si ? Vous voulez vraiment savoir ? Bon... En 2006 l'ONU estime qu'il y a 200 millions d'immigrés dans le monde. Si on avait suivit la mode européenne il y en aurait quatre fois plus. Ce qui n'empêche pas certains de râler et de dire qu'il y en a trop et les gouvernements de vouloir les empêcher de venir. Sois disant pour pas qu'ils volent le travail. Mouais...

Alors comme j'ai toujours pas compris comment on volait le travail des gens mais qu'il faut toujours que je vive, j'ai cherché comment faire pour qu'on m'en donne. Et j'ai l'impression qu'en fait pour faire un immigration réussie faut être un immigrant plutôt qu'un immigré. Subtil n'est-ce-pas ?
C'est quoi la différence entre un immigrant et un immigré ? Là comme ça, je reconnaît, ça saute pas aux yeux. J'irai même jusqu'à dire que c'est très relatif. En gros c'est une question d'attitude : passif ou actif. Un immigrant c'est quelqu'un qui ne subit pas. C'est pas un boulet. C'est un gars … Non d'ailleurs aujourd'hui c'est plus souvent une nana. Si si, 55 % des immigrations sont féminines. Bref c'est quelqu'un de constructif, qui apporte quelque chose.
Bon à mon avis c'est surtout qu'il ou elle arrive lors d'un bon moment, quand on a besoin de main d’œuvre. C'est-a-dire de gens acceptant les pires conditions de travail. Salaire et protection minimal, horaire maximal... Au XIXème les anglais parlaient des trois D  : «  dirty, dangerous, demeaning  » (ça veut dire «  sale, dangereux, dégradant  », tout un programme ! ).
Par contre attention  : dès que (re)vient la Crise, si t'as le malheur de pas t’être bien intégré (d'être toujours montré du doigt par les voisins, quoi) et ben PAF  ! Immigrant → immigré  ! Et alors là, c'est la merde. T'es plus vraiment renta… recevable. T'es un truc passif, un chiffre perdu dans le sensationnalisme politico-médiatique, un parasite, un voleur de travail, et j'en passe et des meilleures !
Quoiqu'il en soit, si vous voulez mon avis, c'est pas une super méthode pour réussir son immigration. Un peu trop aléatoire à mon goût.

Non finalement ceux qui ont vraiment réussit leur immigration, ce sont les colons. Au fond est-ce que vous connaissez la différence entre un immigré et un colon  ? Allé, je vous donne un indice : c'est un outil. C'est le... Le.... Le f... Le fusil ! Et oui. Parce que le truc bien avec le fusil c'est que t'as pas besoin d'attendre qu'on aie besoin de toi pour pouvoir te fader un boulot 3D (dirty, dangerous, demeaning) en priant pour que la crise arrive pas trop vite. Non, avec un fusil t’arrive quand tu veux ! Et là tu te contente pas de voler le travail  : tu prends aussi les femmes, la terre, … Carton plein  ! 11 % de la population et personne qui râle. Ou alors ça saigne. Et même après comme t'es le vainqueur, t'as le droit d'écrire l'histoire pour dire à quel point c'est bien la colonisation… Ouais.
Le hic pour moi, c'est qu'aujourd'hui y a des fusils partout. Sans compter les barbelés, les hélico, les gardes côtes et les drones. Les européens ont gardé leurs fusils. Quand je vois ce qu'ils en ont fait, je peux comprendre. C'est de bonne guerre. Alors je sens bien qu'il va falloir que je fasse ça à la dure. Immigrant ou immigré, au grès de la Conjecture. A vot' bon cœur... et surtout merci patron !
Ah ben oui. Faut pas oublier de dire merci.
Non parce que si en plus je me met à avoir des revendications...