J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

mardi 1 décembre 2015

Tout doux liste

Déboucher l'évier
Envoyer mail antenne
Appeler unetelle pour ceci
Lessive
Appeler untel

Faire des choix

Réviser écrire danser
Réviser écrire danser
Réviser écrire danser

Lire parler aimer

Le temps, la vache et le lotus

Ah!
Le temps m'essouffle
Le temps et sa course folle
Le temps me souffle
Un pied devant l'autre
Comme le vent
Un battement après l'autre
Comme les secondes
Et les rythmes de mon souffle
Comptent pour peu de chose

Le temps est une insulte
A la face de mes désirs
Une loi aigre que mon sang
Souffre d'avoir à tenir
Bon sang mon pauvre sang
Témoin malheureux de ma pourriture

Des paysages avides défilent
Le temps est un train sans locomotives
Et je ne suis qu'une vache indolente
Qui regarde passer les paturages
En ruminant son ticket

Le temps est une farce
Odieuse et belle et cruelle
Et pourtant
Je ne m'en lasse pas
Et pour temps
Il ne rigole pas

Courir plus vite que le temps
A quoi bon
Ma montre est une maîtresse impatiente
Que j'oublie au fond des tiroirs
Pour courrir les vagues
Et chasser mes soucis

Va temps et ne reviens pas
Que je vois seul ta fin
Un sourrir immobile
En fleur de lotus

dimanche 8 novembre 2015

Les sphinx de poussière

Deux sphinxs poussiéreux
Hornent les murs de ma mémoire
Ce sont des mystères bienveillants
Porteurs d'un temps que je ne connais pas
Immenses et fragiles créatures
Racines génitrices de mon existence

J'aime leur calme qui confine à l'ennui
Et leur regard me dérange gentiment
Dans leur ombre toujours tranquille
Je peux me reposer
Au-delà du jugement

Un jour prochain
Le vent les dispersera
Et je crains le vide de leur repos
L'écho de leur caveau
Comme un arbre qui commence à tomber

Un bon sauvage

Je veux être un bon sauvage
Et crever des jours entiers
Comme des bulles de savon
A vivre d'ailes et filer le temps
Surtout, surtout, marcher lentement

Je veux qu'un fleuve plaisant
Me chatouille la plante des pieds
Et que mon ennemi redoutable
Soit une bande de mouches curieuses
De mes rêves éveillés

Je veux que l'ombre de mes arbres
Murmure le nom de mes amis
Quand ils approchent les yeux pleins
Pour partager un bon vieux temps
Et souper de quelque amusement

Je veux enfin sentir sur moi
Familière, l'odeur de nos désirs
Quand nous dansons jusqu'au lendemain
Une transe pleine de promesses inouïes
D'un temps rempli de soupirs

Alors mes mots seront oiseaux
Joies futiles et sagesse pleine
Comme les meubles d'une maison
Ornant le silence de ses murs
Mots heureux de m'avoir trouvé

vendredi 30 octobre 2015

Tête haute

Au bord du gouffre
Arracher ses ailes à la mort
Et cracher par terre
Le vent sur ma peau
Ma peau frisson soupire vague
Le vent me rappelle à la terre
Et ses rêves d'enfants
Et ton sourire me nargue
Moquerie piquante
Attirante
Et tes yeux portent en eux
Des promesses que je n'ai pas tenu
Un chemin clair et fier
Pour traverser le gouffre
Tête haute

La tâche aveugle

Pourquoi enfin crois-tu
L'herbe seulement pour se reposer
Les oiseaux pour chanter
Et le soleil à midi
Tandis que tu joues à gober les mouches
C'est une chaleur trompeuse
Un artifice doucereux
Qui te dévore de l'intérieur
La tâche aveugle te ronge
Te crispe et t'empêtre
Monstre informe nuage puant
Pour étouffer tes changements

La crise

C'est la plainte du soir
Déchirure dans le noir
Dans l'obscurité la journée
Est trop éclatante brutale et mauvaise
Pour l'ignorer
Chaque souvenir agresse
S'entasse sans pitié
Et les poumons sont lourds
Les épaules ploient
Le coeur tremble
Chaque atome frémit avant la tempête
Les tripes crispées
Foudre lucide et cri de tonnerre
La conscience déchiré
Trop d'arbres trop de conséquences
Trop de temps amoncelé
Nuages insatisfaits
Les images et les sens
Vérités et tourments
Tournoient comme des corbeaux criards
Les mots on volé en éclats
La conscience sans abris
Se cambre sous les électrochocs
Et hurle la bête touchée à vif

Quatre bourreaux altruistes
Laissent une carcasse chancelante
Épuisée
S'endormir enfin

La chambre noire

Dehors crie-t-il
Va-t-en sors de là
Mais casse-toi !
C'est une supplique douloureuse
Où trône le désespoir
Ouvre la porte de la chambre noire
Là dans l'ombre poisseuse
Au cœur au creux
Là où ça tire sur les tripes
Un tas d'ombre inquiet et grimaçant
Une deux trois trop de chaînes
Rouillées et cruelles
Pas d'odeurs pas de bruits
Juste une souillure totale
Un rejet de honte verdâtre

Sors de là

Briser forcer crocheter les menottes
Une à une la liberté malgré lui
La porte ouverte enfin
Vois dehors le soleil : va !
S'il-te-plaît va et sors de là
Assez de ce temple malsain
De ce croupissement mollasson
Dehors le temps le vent et la pluie
Promesse de jours vivants
Pas à pas marche longtemps
Et derrière soi refermer la porte

Dans la chambre noire s'entassent les regrets
Les murs suintent et la lumière jure
Il faudra bien un jour y retourner
Et tout ravaler
Dans la chambre noire mourront les regrets
Sans tombe ni sermons

La folie la mer

J'ai côtoyé la folie
Comme une eau douce
Je l'ai aimé même
Admiré désiré espéré
Je m'en suis fait un étendard
Sous lequel je jouais du clairon
Faux
Un lac une mère un océan
Trouvé l'erreur
La folie comme une eau douce
Et son sommeil m'inquiète
Tomber par malheur
Sauter par lâcheté
Plonger courageusement
Ou cracher de mépris
Dans mon ventre une boule contraire
Une bouée malgré moi
Qui m'empêche de respirer
Ou de me noyer
La folie à mes pieds
Parois ma hurlé dessus
Et griffé jusqu'aux os
La garce que j'ai tant aimée
Sans jamais la rejoindre
La folie en tableau je l'ai vue vraie
Autre si belle immense terrible
Magnifique
Un directe une flèche un gong
Oh ! L'envie de me mouiller
Plonger tomber sauter

Saurai-je seulement nager

Alors planté sur le rivage
J'en tape un autre portrait
Comme ça à coup de mots
Loin de moi et vissée aux tripes
Dans le dos les ailes la mort et le vide
Et le lointain rêve délire étouffant
De marcher sur l'eau
En rire enfin pleurer parfois
Les larmes de l'eau mais pas la mer
Toujours semblant
Que ces quelques pages sont un bateau
Les pieds pendant au bout du pont
Je veux apprendre à nager
Courir dans les vagues peut être
Je tangue avec la marée
Mes tripes sont des lunes cruelles
Qui me font danser avec l'écume
Loin de la mer

Les échasses

Des hauts et des bas
Des pas et des mots
Des montagnes sans nom
Plates
C'est mon moi qui s'imagine
Et trahit mon moi
Il se gonfle et se méprise
Cherche ses dimensions
Il a honte de ma couardise
Et pleure mes exploits
Fruits d'un hasard mal maîtrisé
Je suis un agencement désarçonné
Une pile d'atome incongrue
Deux yeux une tête
Pas convaincus
Pas rassurés
Sur des échasses verbeuses
Dont j'aimerai être sûr
Qu'elles touchent le fond

Le trou

Les mots couvrent
Les mots cachent
Les mots
Sont de mauvaises farces
Blabla trop présent
Qui délaye l'expérience

J'ai voulu me promener
Au bord de l'abîme
Essayé de creuser une tombe
Sans conviction
Toujours des mots entre mes yeux et le sol
Toujours des lettres folles
Bourdonnent à mes oreilles
Des mots trop courts
Pour un monde si vaste
Des tricheries rampantes vois-tu
Un mauvaise blague
B-A-ba un pied en dehors
Et déjà la nature l'expérience
Nous est étrangère
Le pied sectionné rigole nerveusement
Ça le chatouille
Et moi dehors au bord du trou
Est-ce une tombe
Gouffre réponse sortie
La vie par là s'enfuie
L'inconnu noir m'aveugle
Et je chante comme un sourd
Pour noyer mon chagrin
Dis-je
Des mots, riens que des mots
Nerveux
Des tas de lettres sur mon angoisse
Sont mon angoisse

Et quand je lève les yeux vers la lumière
Une beauté de passage et toutes ses couleurs
Mon cœur se serre sur des mots
Qu'il ne connaît pas
Je sens alors je touche
Avec des pouces gros comme le monde
Un univers digital et premier
Un aperçu minuscule de l'infini
Là à portée d'atome
Et déjà le cri désespéré
Creusé de honte
De mes neurones prétentieux

Ah les mots sont vides
Et de bien vaines parures
Comme des feuilles voulant dessiner l'arbre
Avec toutes leurs sœurs

Au pied de l'arbre il y a un trou
Et je danse autour
Il y a un trou il y a un trou il y a un trou
Il n'est ni noir ni présent
C'est une tâche aveugle
Qui fait fuir même les mots
Et moi et mes ailes lettrées
Mes béquilles de palabres
Au bord de ce trou
Je me sens con
Pour ne pas hurler de peur
Ou voler en éclat
Une lettre après l'autre

Nécrose

J'ai rêvé d'empires de poussière
Et de leurs faunes merveilleuses
Bêtes magnifiques au rire cruel
Il y a là dehors des temples engloutis
Où rugissent encore des prières fantômes
Ce ne sont que des âmes odieuses
Pleurant des utopies atrophiées
Qui sombrent dans le gouffre de nos chagrins
Vois les cendres sur l'autel du héros
Et la foule maussade marmonnant des cantiques
La mort règne et flétri nos désirs
Et les amants s'endorment sur leurs promesses

J'ai rêvé d'un temps boueux et acariâtres
De blattes géantes craquant sous les bottes
Un monde agonisant vautré dans ses regrets
Loin de l'éclat cruel de l'espoir
Oiseau décrépit brûlé par le soleil


Négatif

Je me mange et me vomit
A ma propre table
Ma honte et mon orgueil
S'aiment et se déchirent
Avec dans l’œil
Ma tristesse et mon mépris
Comme un serpent glouton
Un cercle clôt
Et pas même une mauvaise spirale
Pas même une chute

L'introspection

Rodéo sauvage
Que l'introspection
Les mots sont lâchés
Et la raison bât de l'aile
Prise de tête
A deux mains
Pour ne pas l'encastrer dans le mur
Pour ne pas s'éclater tout en bas

Corrida cruelle
Que l'introspection
A coup de piques amères
On achève sa fierté
Qui rue faiblement
Vidée de ses larmes

Et au matin, quoi ?
La foule n'était pas là
Le torero seul
Peut profiter du soleil
Vainqueur vaincu et vain

dimanche 4 octobre 2015

C'est la faute


C'est la faute à Voltaire
M'a dit le camembert
Mais je ne crois pas vraiment
Les fromages coulants

Alors je cours voir mes deux yeux
Hélas les nouvelles ne sont plus très fraîches
Les journaux putréfiés
Noient leurs odeurs sous les poissons
Nauséabonds

Ce n'est donc pas la faute à Voltaire
Le camembert devrait se taire
Et j'enterre mes espoirs fous
D'être innocent

Epinglés


Un jour je verrai
Tout mes démons épinglés
Mes rancœurs oubliées
Et mes regrets égarés
Je les imagine déjà
Immobiles et secs
Derrière des vitrines froides
Comme de mauvais papillons
Comme je m'empresserai alors
Le sourire en coin, peut être
Des les rendre à la poussière
Longtemps, s'il vous plaît, avant moi

Même quand tu ne reviens pas


Chaque sentiment que j'expire me ramène vers toi même ceux qui ne te regarde pas et pourtant eux te regardent avec envie. Sang bleu, sang blanc, mauvais temps. Je veux t'offrir chacune de ces fleures née dans mon cœur qui bat d'étranges rythmes et sonne creux pourtant je pense tout bas je pense à toi même si je ne devrait pas. Souffle rouge, l'espoir noir a bon temps bon an. Au dessus de ma certitude incrédule petite chose dure sûre qui s'étonne elle-même et pourtant ne peux se passer d'exister, au-dessus de ma certitude incrédule flotte un ange mal plumé maladroit, ovni qui pense et mal y soit comme tant d'autres. Pourtant dans ce silence de tes pas il vole et renforce ma certitude qui ne devrait pas. Pourtant je pense à toi, hiver du temps le blanc passe à l'été, pourtant me voilà. Et encore en silence et mon corps en souffrance bute en boucle en disque rayé encorencorencorencor et toujours jours qui se lève sur l'écho impossible que j'entends pourtant à la source même de ton silence. Tes yeux je ne les perds pas tes yeux peint en jours bleus me disent des choses que je n'arrive pas à inventer et pourtant ton silence et tes yeux mélangés me perdent et je bute et me rebute. Ma certitude et ton silence me renvoie la balle dans la tête folle et drôle elle chante ivre la tête elle s'en fout elle suit les battement et le souffle cassé. Sais-tu pourtant le poids certain de ton sourire, la beauté en masse dans la douceur de tes lèvres le sourire de ton sourire étonné effrayé et pourtant parti au loin pourtant je ne peux que l'attendre. Sais-tu pourtant que je t'attends même quand tu ne reviens pas  ?

mardi 29 septembre 2015

Soldats

A quattre pattes les soldats
Marchent et grattent
De gros jouets entre les bras
Soudard soudard
Baisse les armes et repose-toi
Tout doux, tout bas
Embrasse le silence
Oh ! Rien qu'une fois

Seul, à quoi bon


Je suis seul dans ma tombe
A défier le jour naissant
Et hurler sous la lune
Pour que le matin sonne bleu

Je suis seul, gouffre sublime
Et mon coeur nage à rebours
Et mon cri n'y voit goutte
Pourtant la vie cherche mon lit

Je suis seul à quoi bon
Fier et solide comme un roc
-tremblant peut être, sur ses bases -
Vienne la mousse, rêve d'enfant

Je suis seul, je suis fou
Chercherai-je encore longtemps
Dans la brume épaisse et douce
Un bruit, un cri, corne d'amour

Les oies


Piètre cavalier sur un gros bidet
Rêvant d'étalons et de destriers
Le bouffon magnifique chante à tue-tête
Et charme les oies

Je verrai au bout du jour l'automne jongler
Et la mort en clown mener trois éléphants
Une oie sur un fil empêchera l'apocalypse
A quatre contre un

Sarabande molle et tors partagés
C'est la ronde cancanière des progrès malhabiles
Un troupeau d'oies grasses mange bravement
Son destin de foi

L'oie enfin prodigue des conseils
Sérieuses sous sa bure d'un noir caressant
Et c'est la bouteille qui pointe et trompe l'ennui
Jusqu'à trois pas

Le sommet


Des rivières pierreuses
Dévalent les montagnes
Charriant des flots de rêves
Elles nous attirent vers le sommet
Pas à pas remonter à la source
Et sur le plus haut cailloux
Méditer la plaine à nos pieds
Comme l'aigle pour une fois
Les yeux plissés
L'esprit acéré

lundi 20 juillet 2015

Un jeu d'enfant


Miracle sans fin
De la vie qui recommence
Et sous l'ombre de nos soucis
Les sourires ébahis
Des bébés entre deux pleurs

L'homme naissant est un géant
Qui défriche un monde immense
La suite n'est qu'un jeu d'enfant

dimanche 12 juillet 2015

Avant la nuit


-I-
Une dernière note avant la nuit
Un souffle bas
Une respiration
Dans la chaleur de l'insomnie
A bon dos sur mon malheur
Attendre et prendre le bon train
Attendre pour le lendemain
De comprendre ce vieux jeu
Torturé

-II-
Les yeux encore ouverts
Peut être
Déjà l'esprit aléatoire
Laisse couler les mots
Et l'encre de mes rêves
Anxieux demain
De les comprendre
La nuit écrira son poème
Tendrement
Et quand soufflera le soleil
La mémoire n'est pas un carnet
Désenchantement

-III-
Quelques mots en perles et fritures
Saturent les lignes en silence
Et l'absence de commencement
Le sens file au cours de l'eau
Le sens file et je m'égare
D'avoir trop tiré sur la ligne

Sous ma peau


Les mots sous ma peau
Dansent en ronde folle
Ils rongent et rongent et rongent
Bêtes malhabiles
Et nauséabondes
Ils rongent le sang de mes veines
Ils rongent l'espoir qui souffle
Un vent mauvais souffre toujours
Les mots sous ma peau
Mille bêtes
Dix mille pattes
Mille folies sans refrain
C'est la vie perdue qui m'affole

Désossée ma chaire molle
Désossée la danse et le charme
Les mots ont tout rongé
Fourmis insaisissables
Insatiables
Tuant jusqu'au silence
Meublent d'échos
Mes nuits et mes jours

Les mots sont la vie et la mort
Le temps qui passe
Et ne revient plus

La tourmente


Si j'ouvre les yeux
L'inconnu me montre du doigt
Et c'est une marée étrange
Dégradante ignorance
Bombe armée de tout les dangers
Quand j'ouvre les yeux
Le monde me montre du doigt
Et se moque de moi

Il n'y a pas de chemins
Il n'y a pas de barrières
Il n'y a que la tourmente
Et des mystère étouffants
Il n'y a que mon cri
Moi perdu

Depuis que j'ai ouvert les yeux

Où sont mes rêves


Où sont mes rêves ?
Quel monstre sans nom
A obscurci le soleil
Et dévoré mes étoiles ?
Vent dans le vague
L'âme esseulé vagabonde
Entre néant et quelques tourments
Tournent les illusions
Je suis une coque rutilante
Qui sonne creux
Où sont mes rêves ?

Demain est un lambeau d'horizon
Dépourvu de boussole

Le monde sévit


Autour de moi le monde se meurt
Le monde sévit
Et je ne vois que des lettres de sang
Où sont les fleurs
Où sont les astres
Autour de moi le monde sévit
Quand dans mon cœur
Tonne le mauvais sang

Trois astuces


Trois astuces pour demain
Sourie
Respire
Et ferme les yeux
Sous les paupière
L'obscurité est salutaire
Trois astuces et des chansons
Champignons gris
Et cheveux blancs
Ne font pas le temps
Ne font pas le temps
Craque glisse plante
Plainte déroulée
Le vide dégoise
En vain en vain en vain
Respire
et sourie
Rempli le vide
Demain t’appartient
Demain t’appartient

Ennui


Pas à pas les secondes
Sont lentes
Et les minutes éternelles
Douce mélodie de l'attente

Aiguilles obsessionnelles
En rond en rond en rond
Toujours le même sens
L'horloge implacable ne connaît qu'un seul rythme
Sans la moindre mélodie

Seul et vide
Laissé à lui même
Le temps est un désert
Où l'homme vide meurt de soif
Un verre à la main

le mauvais talent


On m'a donné la fortune
Mais je ne sais pas compter
On m'a donné la sagesse
Mais je ne sais pas parler
On m'a donné la force
Mais je ne sais pas me lever

Je suis le mauvais talent
La graine rare
Que nul n'a planté
Et qui se lamente sans bouger
Au fond d'un panier percé

La prison de coussins


La prison de coussins
Est une prison ouverte
Où l'on dort bien
Entourés d'échos réconfortants

-étouffant d'amour-

On y sue tranquillement
Noyé dans une langueur douceâtre
On s'y prélasse calmement
A l'abri des vents mauvais

-ceux qui, là, 
dehors,
soufflent vigoureusement-

Et à la fin du jour
On y est toujours nu
Œil torve et bave aux lèvres
Cherchant à oublier
L'odeur rance de ses échecs
Et la lourdeur de ses jambes

Le roi noir


Je suis le roi d'un monde noir
Tapis de boue gluant
Lustre monstre et torpeur maladive
Je suis le sang bleu qui a trop vieillit
Veines putrides et souffle moisi
Goutte à goutte la peine et le mépris
Forment une bave rance à mes lèvres
Mes cheveux sont faits de poussière filasse
Où règnent les cafards
Derrière des lunettes orgueilleuses
Aux montures écaillées
Trônent deux abîmes malsains
Brillants de rage

Je suis le roi noir sur son trône gris
Et mon royaume de médiocrité
Ne produit que des pains âcres
Et des hordes de charançons
Les chants criards heurtent les voix douces
S'enfoncent en pieux brûlant
Dans les oreilles coupables

Il n'y a pas d'espoir
Il n'y a que la honte
Comme un vent violent sur des collines flasques
Des pins chétifs et miséreux
Achèvent ces paysages tristes
Et si l'on croise quelque cours d'eau
On y contemple des poissons crevés
Boudés par des canards galeux
- rien ne vit dans les eaux troubles des lacs amorphes-

Que chacun regarde ailleurs !
Voyageur passe ton chemin
C'est mon charnier c'est mon malheur
Je te jetterai des molosses aigris
Si tu tend la main charitable
Si brille la pitié au coin d'une larme
Baisse l’œil – et le bon
Je suis un roi indigne et vaniteux
Et tu ne me feras pas porter
Le poids écrasants de mes faiblesses

La mort doute


C'est un chant d'ivresse et de rancunes
Sur un désert de cendres
Et la colère enfin grave dans le bois
Les racines du mal
Au cœur du doute vient la mort
Grinçante, armée de barbillons
C'est une lâcheté rampante
Ignorante de ce qu'elle précède elle
Retarde encore l'instant fatal
Et de souffrance en désespoir
Creuse le puits obscur et amer

Quand les larmes décanteront
Récolte le sel de la vie dans ta main
Puise l'eau de la vie dans ton sceau
Au fond du doute peut être
Un instant de vérité
Enfin
Et le souffle fragile de l'espoir
« On doit pouvoir tomber vers le haut »
Ximena Esclante

Geste G


Dans les couloirs de l’histoire
Nos folies s’entrechoquent
Elles déchirent nos poitrines
De haines sans noms
Et rient à gorges déployées
Au son des tambours

Que de noms
Que d’orgueils
Que de passions trop cachées

Au nom des autres
De nos prochains
Nos voisins sont tour à tour
Amis ou ennemis
Et notre cœur noir d’amertume
Et nos angoisses solitaires
Attisent le brasier
Des gestes guerrières
Le crime leur profite
Instinct mortifère plongeant
Dans la chaire de notre prochain

Philosophie poétique


Là-bas
Tout là-bas
La raison en ligne de fuite

Et entre chaque pas
Funambules
La perche équilibre les doutes
Et les passions
Pour ignorer le gouffre de la folie

Traversée en solitaire
Juste à portée de voix
Traversée je crois
Je crois je crois je crois
De la poussière à l'aube
Sans vraiment se retourner

Le temps déroule son fil
Pour que nous y dansions

Merle menteur


Je suis un merle menteur
Qui veut croire à son chant
Je mange des graines véritables
Et siffle un vent sauvage

Je n'utilise pas de mots
Et vous sert cette eau trouble
Pour y noyer vos rêves
Et sculpter vos vérités

Je suis le vent malin
Qui s'espère prophétique
Je suis le vent du matin
Qui refuse d'indiquer un chemin

Je ne suis qu'un rêve échoué
Que j'espère partager
Pour ne pas finir seul sur ma branche
Pour ne pas finir emporté par le vent

Les doutes


Les doutes sont des harpies cruelles
Au lourd parfum de vérité
Ils volent en rondes folles
Et cachent le plus drôle
Au fond de la caverne
Au delà des cascades
Un monde noir et secret
Étouffe des eaux cristallines
Et la vie se fait tourbe
Et tourments
Les doutes ont brisé les lampes
Caché la sortie
Les doutes sont trop bruyants
Et gâchent mon temps

Délire


Avez-vous vu les ailes des feu dans mon dos
La couronne de diamants sur mon front
Et toutes les forges de l'enfer
Brûlent dans mon sein
Mon souffle divin perdu dans les regards vides
La vie bat parfois dans mes veines
Comme des tambours ultimes
Le rythme exaltant de quelques délires narcissiques
Comme un surplus de sens et une joie funeste
Une jouissance profonde remplissant l’anodin
Continuant le sillon imaginaire
Creusé par quelque fiction exaltante
Ou la transe musicale

Ma vie est une scène intérieure
Un théâtre d'ombres grandiloquentes
Plein de rêves sans lendemains
Satisfaits de l'instant surréel
Je chevauche la nuée fantasmatique
Pour approcher Dieu
Et apprécier mes pas de mortel

Je suis un vieux sage sans rides
Souriant au pied d'un arbre immense
Et un jeune démon sans haine ni remord
Heureux pour deux et pour le monde
Je suis l'eau qui dort et l'incendie hurlant
Modestement vantard
Toujours
Toujours
Le sourire aux lèvres

Le journal des mauvais jours


-I-
Je veux ouvrir la porte noire
Et libérer 'agonie quotidienne
M'arracher le cœur putride
Et l'exposer sur la place publique
Petit Xavier s'en va-t-en guerre
Petit Xavier dans sa cage sombre
Veut se battre avec lui-même
Bec et ongles
Je ne convoquerai pas ma joie
Car mes ténèbres sont pleines de sourires
Ces petites lèvres vampires
Qui ne disent pas leur lâcheté
Elles cachent une cellule sombre
Un caveau profond et triste
Où les racines ne poussent plus
Seule la mort ici plante sa graine
La mort est un bonhomme d'ombres
Une plainte vivante, une peur qui marche
Un tas de guenilles rampantes
Attaché par quatre chaînes
Doute, lâcheté, ironie et abandon
La mort au cœur putride
Je vais lui tordre le cou
Et me foutre de sa gueule
De travers
Pas de torches pas de sourires par de chansons
Je suis la mort dans l'âme
A en perdre la raison

-II-
Je chante une chanson atroce et siffle des airs joyeux
Comme le vent changeant
D'humeur trop inégale
Je suis l'envers et le décors
En plein bras de fer
Comme un chien, après sa queue
Prêt à me déchirer
Tout les jours pas à pas
Je m'écartèle sûrement
Je suis l'homme contraire
Qui pourtant voudrait se plaire
Mais la nuit comme le jour
N'apporte que de nouveaux tourments
A mon propre chevalet

-III-
Je suis à moi-même
Une marre sombre et glauque
Un dédale obscure
De milles doutes
Pas de boussoles
Pas de cartes
Seul l'écho des cris
Que je ne pousse même pas
Les yeux clos car
Je ne saurai voir même le néant
Je me suis
Perdu
Perdu sans tomber juste immobile
La stase maladroite
D'un fou qui se croit pendu
Et oublie le verbe savoir
Si je ne sais que suis-je
Une marre glauque
Et l'eau qui dort

-IV-
Mes mots sont un troupeau triste
Une horde incertaine
Qui butte sur mes doutes
Et ne contrôle plus mes angoisses
Mes mots cognent et s'entrechoquent
Prisonniers de mes yeux clos
Ma bouche muette
Et mes bras ballant
C'est une armée sans général
Ni guerre ni paix
Ni démobilisation
C'est mille merveilles inutiles
Qui ne peuvent même pas
Reposer dans une tête trop pleine

-V-
Au fond du trou
Je suis un homme mort
Mon sang même est immobile
Et mon souffle ne fait que creuser
Plus profond
Je soulève des pelletés
De doutes et de regrets
Empuantis de honte
Je me recouvre de cette boue malsaine
Les yeux vides
Le cœur creux

-VI-
Je me compose un cadavre de mots
Une charogne de désespoirs
Dont vous serez
J'espère
Les mouches avides
et les vers affamés
Gorgez vous de ce sang épais
Et de mes chaires molles
Avant la raideur cadavérique
(Je suis déjà froid)
C'est un festin funèbre
C'est mon héritage
Voici
Voilà
Ce que je ne fus pas
Tout le reste n'est que vent
Quand ton cœur ne chante pas
Tout le reste n'est que tourment
Quand ton cœur
Ne chante pas

-VII-
Dans le vide
Dans la plaine grise
L'amertume est un festin
Sur la tombe de mes désirs
Je compose ces bouquets de lettres mortes
Je ne suis rien
Je ne veux plus
Mensonge encore
Je suis là
Je n'en peux plus
Pointe la vérité
Je ne sais plus
Je suis perdu
Elle reste au fond de son trou
Mais je peux
Je peux encore tresser
Ces poèmes torturés
Pour faire sortir
Cette boue de mes veines
Et souffler sur mon ennui
C'est pour moi lecteur
Que je compose ces soucis
C'est pour moi que tu soupires
J'espère que toi aussi tu l'aimes
L'amertume de l'amande amère

-VIII-
Le monde gris
Me laisse un goût de cendres
Seules restent les fraises
Et l'amande amère
Le rouge du sang
Et le jaune purulent
Une joie chagrine
Et des larmes dégoûtées

-IX-
Je pense en vers libres
Et en métaphores douteuses
Je pense en roue libre
Quand ma raison bat de l'aile
Lâchez les mots  !
Enragés ils tournent dans ma tête
Sans plus rien qui les dirige
Trop de logiques indécises
S'affrontent dans le noir
Et la foule en délire
Hurle dans l'arène
Par ici  !
Par là  !
Comme ci  !
Comme ça  !
Voilà pourquoi  !
Et les mots volent et déchirent
La moindre étincelle
La moindre envie naissante
A la chaire si tendre
Et je les contemple
Le pouce baissé

-X-
Je suis l'écorché
Qui jamais n'eut de peau
Je suis un et personne
Je ne suis même pas
Une goutte dans l'océan
Qui peut me dire
Où commencent les battement de mon cœur
Et quel reflet dans la glace
M'appartient
Mes chaussures pataugent
Et mes chemises sont étroites
Mon nom, lui, sonne creux

-XI-
Je ressent bien la douleur
La douleur est une petite crevure
Bien à moi
Petite douleur, vieux chevalet
Livre moi donc tes secrets
Que je te laisse derrière moi
Car dans le brouillard informe
Je cherche un arbre puissant
Une caverne maudite
Et des lendemains qui chantent

-XII-
Le jour m'est tombé dedans
Comme un oiseau repu
Libre et joyeux
Le jour et quatre soleils
En si peu de temps
Est il si dur d'être heureux
Au jour le jour enfin
A travers champs
Je danse sous le ciel bleu