J'ai retrouvé le chemin des mots
Et plongé dans la mer
J'ai joué dans l'écume douce-amer
Qui sert le cœur tendrement

Aux sons de la mélancolie
Au rythme des complaintes
J'ai souri

vendredi 27 février 2015

De drôles de filles

De drôles de filles autour de moi
Agitent d'étranges appâts
Elles plument des soupirs
Et des froufrous bien curieux
Les drôles de filles dansent au pas
Un bal masqué silencieusement inquiet
Et tanguent entre deux espoirs mal placés
Entre un feu follet et un hérisson au cœur creux
Je porte les masques aux yeux bandés
Je porte les masques sans me demander
Quelle grimace ils me font porter
Pour que de drôles de filles dansent autour de moi
Hors de portée

vendredi 20 février 2015

Au fond

Vite vite agite les paillettes
Vite vite remue un chaudron de tourments
Pour que l'écume en cache
Les noirs ingrédients
Allé actives-toi et brise ce miroir
Ou recouvre-le d'un linge noir
Plie et ploie devant toi
Plie au creux de ton estomac la pince
La dure loi de l'angoisse braillarde
Allé au fond du trou le fou
Une échelle dans un puits
Pour ne pas regarder la lune
Et se noyer en silence

Oh  ! Noyer le silence

mercredi 18 février 2015

Sur une place

Un vieil homme sur la place
Admire les galantes
Les belles les jeunes et ses regrets
Une particulière
Une passe tout près
Et il se prend à siffler

La belle l'unique
Aussitôt de le regarder
Et d'afficher le masque grossier
Du dégoût

«  Belle demoiselle  »
Dit le vieil homme
«  Apprend que la beauté brille autant
Dans l’œil vieux que dans l’œil jeune
Qu'on le convoite ou qu'on le rejette  »

La belle n'est pas sotte et se reprend
Et pour prix de sa sagesse
Le vieil homme reçu un baiser
Là sur le front

Le sage ragaillardit risqua
Une main baladeuse
Et pour prix de son envie
Reçu une claque
Là sur la joue

«  Vieil homme  »
Dit la belle
«  Apprend que si le désir vieux ou enfant
Partagent la même inoffensive mollesse
L'un est innocent
L'autre bassesse  »

lundi 16 février 2015

Cercle

Dans ma gorge l'impuissance
Ridiculise mes cris
Leur tord le coup les circoncis
Et me lie en nœud coulant
J'ai tout juste la force
De repousser les cravates
Et les plus basses courbettes
Et je m'effondre sur moi-même en cercle clôt
Savoir
Constat
Honte
Inaction
Savoir
Constat
Honte
Inaction
Savoir trop savoir et vouloir se taire
Et vouloir sous terre – fuir encore

samedi 14 février 2015

L'homme nu

L'homme nu porte un habit creux
Il baille aux corneilles
Et souffre dans le vent

L'homme nu se nourrit de masques
Il fantasme sur soi
Assis au fond d'un puits

L'homme nu court de vains chantiers
Pour se faire une image
Et meubler l'écho du temps

L'homme nu, au fond
Pleure un visage
Qui n'a jamais existé

vendredi 13 février 2015

La sagesse

La sagesse est un feu follet
Qui me nargue gentiment
A coup de grandes vérités
Ou de maximes simplement
Là  ! Au coin de mon œil
Là  ! Au creux de mon dos
Et je ne me sens jamais plus fou
-Oh  ! Pauvre fou qui rit-
Que quand je tend la main pour l'attraper

jeudi 12 février 2015

Tu sais

Tu sais dans ma têtes il y a ton crâne glacial
Qui hurle mon rire cruel
Il y a un papillon mort-né qui bat de l'aile
Au grès du vent
Et du souffle
Il y a des espoirs de néant et des années malsaines
Il y a un scorpion malheureux
De sa carapace et de son dard
Il y a un tas de bonnes choses
Putrescences
Il y a mon rythme et ma folie
Et la lente mélodie de mes aveux
De mes malheurs passés
Que tu as galvanisé
Il y a tant de choses mal digérées
Il y a la vie qui tente l'échappée
Demain reste clôt
Dans le vase présent et dans la vase du temps
Entassé

Tu sais dans ma tête tonne le temps
Le tempo de ma colère malgré tout
Il y a tout ce que tu m'as fait
Et que je n'ai pas dit
Il y a le portrait au sourire carnassier
Que tu m'as collé dans l'ombre
Dans le dos
Il y a le poignard ensanglanté qui n'aurait jamais dû voir le jour
Et jouir
Il y a l'or fait boue pourrissante
Et le bonheur crucifié
Sur le cadavre de mes lèvres et le pal de mes sourires

Porteras-tu la tombe avec moi
Jusqu'au bout de la nuit et de ses cadavres enchantés, au fond,
De voir du pays  ?
Chanteras-tu pour eux des berceuses assassines
Comme un conte policier sordide
Sans coupable ni crime
Juste un oiseau de malheur, un noir corbeau
Qui chante faux pour quelques graines  ?
Allez, quoi  ! Sors ton squelette cramoisi des coulisses
Danse avec moi dans le sang et la honte
Si vraiment tu veux cette valse macabre
Si vraiment tu ne vois plus dans le noir
Que ton sourire meurtrier
Et ta folie hargneuse dans le reflet
De tes miroirs

mercredi 11 février 2015

Eau vive

Comme une eau vive
-Enfin!-
Les mots coulent le barrage a cédé
Les yeux humides et le cœur craquelé
Fissures
Comme un roc qu'on enlève du pied
Et tout le ventre se met à respirer
Soulagé le torrent de papier
Peut recommencer à couler sa route
Et semer ses doutes
Pleurer ses idées
Et piailler -sans doutes-
Au son du matin frais